L'Église d'Angleterre promet de mobiliser plus rapidement ses financements pour "réparer" les conséquences de ses liens passés avec l'esclavage, un an après avoir annoncé la création d'un fonds dédié, jugé "insuffisant" dans un rapport publié lundi.
Début 2023, l'Eglise anglicane s'était engagée à investir pour soutenir "les communautés qui ont été touchées par l'esclavage", après des révélations montrant que son bras financier, les Commissaires de l'Eglise, avait originellement été doté via un fonds remontant au XVIIIe siècle et dont une partie des ressources provenait d'intérêts dans une société impliquée dans le commerce des esclaves africains.
Elle avait annoncé la création d'un fonds de 100 millions de livres (environ 117 millions d'euros) pour financer sur neuf ans des investissements pour "un avenir meilleur et plus juste pour tous", dans le cadre d'un vaste processus de dédommagement des communautés victimes de l'esclavage.
Lundi, un groupe d'experts chargés de conseiller l’Église dans cette initiative a estimé dans un rapport que cet engagement était "insuffisant" pour atteindre "une vraie justice, réparation et guérison", recommandant de viser 1 milliard de livres (1,17 milliard d'euros).
"Notre espoir est que d'autres (investisseurs) nous rejoindront et investiront à nos côtés, (...) et que le fonds grandisse, nous l'espérons jusqu'au milliard (de livres), et plus, et crée un héritage positif durable", a répondu lors d'une conférence de presse Gareth Mostyn, dirigeant des Commissaires de l'Eglise.
Par ailleurs, les Commissaires de l'Eglise, qui gèrent un fonds d'investissement de plus de 10 milliards de livres (plus de 11,7 milliards d'euros) pour soutenir les activités de l'Eglise et du clergé, se sont engagés à mobiliser les 100 millions de livres prévus d'ici cinq ans, et non neuf.
Cette somme devra financer des projets tournés vers le soutien des communautés noires défavorisées, le soutien d'entrepreneurs, chercheurs, médecins, enseignants, etc. issus de ces communautés.
L'Église espère également que son initiative encouragera d'autres institutions britanniques au passé mêlé à l'histoire esclavagiste du pays à prendre leurs responsabilités.
"L'Église d'Angleterre est profondément ancrée au cœur des institutions de ce pays (...) et nous espérons vraiment qu'en faisant ce que nous pouvons faire, d'autres nous regarderons et considèreront cela comme un exemple", a affirmé lors de la conférence de presse Rosemarie Mallet, évêque du diocèse de Croydon.
L'Église d'Angleterre a déjà présenté ses excuses pour ses liens passés avec l'esclavage, alors que la Grande-Bretagne fait face à l'héritage de son passé colonial.
En 2020, elle avait qualifié de "honte" le fait que certains de ses membres aient "activement profité" de l'esclavage.
La Rédaction (avec AFP)